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Communiqué de l’ACETEF sur le Projet de Réforme de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en Tunisie

Communiqué de l’ACETEF sur le Projet de Réforme de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en Tunisie

Suite à l’invitation, émanant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et adressée par Monsieur Imed FRIKHA, directeur de la Mission Universitaire et Éducative de Tunisie en France, aux associations d’enseignants-chercheurs et chercheurs tunisiens résidents en France (ACETEF, ATUGE, ESCOT), pour les informer que le Ministère organise une rencontre des compétences universitaires tunisiennes résidentes à l’étranger le 23 juillet 2015 à Monastir, en vue de les associer à la consultation portant sur la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui va être mise en place sur la période 2015-2025, l’ACETEF, a répondu positivement à cette invitation afin d’apporter, comme par le passé et avec les moyens dont elle dispose, sa contribution au soutien et au développement de l’enseignement supérieur et de la recherche en Tunisie.

Les collègues réunis le 11 juillet 2015, en Conseil d’Administration élargi, observent que le texte de la réforme est de qualité et bien détaillé. Ils émettent les propositions de discussion suivantes selon les quatre thématiques choisies par le MESRS :

1) La gouvernance des Universités tunisiennes

  • Mettre en place une instance d’évaluation au niveau national, type CNU (en France). Cette instance peut être consultée pour les qualifications et pour les encadrements des doctorants.
  • Repenser le système actuel de prime d’encadrement basée sur le nombre de thésards encadrés.

2) La professionnalisation de l’enseignement supérieur

  • Développer les enseignements pratiques (TP) pour les disciplines qui nécessitent un enseignement pratique (comme les sciences pour l’ingénieur, la physique, la chimie…..), le pays pourrait fortement investir dans les moyens matériels et humains afin de garantir un enseignement pratique de qualité.
  • Mettre à niveau certains contenus et introduire des matières importantes pour la discipline et qui permettent d’améliorer l’employabilité des diplômés (la communication, etc.).
  • Créer des équipes pédagogiques par module d’enseignement, avec un coordonnateur pour chaque équipe.
  • Recruter pour certains enseignements, et particulièrement les TP, des professeurs agrégés du secondaire, détachés dans le supérieur, qui peuvent beaucoup aider à la mise en place, la mise à niveau et le suivi de ces enseignements, car ils n’ont pas d’obligation de faire de la recherche (double service de l’enseignant-chercheur).
  • Revoir toutes les filières courtes et des formations ayant peu de débouchés en faisant participer les chefs entreprises, à travers les fédérations patronales (UTICA, CONECT) pour que ces derniers prennent leur responsabilité dans les décisions concernant les filières les plus demandées et le devenir de ces filières, et également le soutien à celles-ci. On peut imaginer de mettre en place un système d’encouragement des entreprises, par une réduction d’impôt. Mais, également, demander des contributions supplémentaires aux entreprises qui ne tiennent pas leurs engagements, par le même impôt (système de la carotte et du bâton).
  • Identifier les métiers de services et les métiers du tertiaire (avec le patronat) pour développer la formation dans ces métiers et développer l’emploi et le soutenir.
  • Encourager et appuyer le rapprochement universités/entreprises en organisant des Forums…
  • Mettre en place une formation des formateurs pour adapter les formations à l’employabilité (avec un programme Europe-Tunisie-France (les 13 universités parisiennes à titre d’exemple). L’ACETEF et ses membres initient des discussions à ce propos et peuvent venir en appui au montage de ce programme.
  • Définir (cibler) les secteurs prioritaires à développer par rapport au contexte économique et social du pays.
  • Développer une politique entrepreneuriale sur des secteurs prioritaires.

3) La professionnalisation de la recherche

  • Instaurer un système d’évaluation qui prend en compte l’implication de l’enseignant-chercheur en termes de publications, de brevets, de rayonnement scientifique et d’innovation.
  • Faciliter l’accès aux journaux électroniques et bases de données à l’enseignant-chercheur.
  • Mettre en place des campagnes de vulgarisation scientifique, afin de faire connaître les résultats des recherches universitaires auprès des entreprises et du grand public.
  • Revoir le système d’évolution de carrière de l’enseignant-chercheur. Un enseignant-chercheur doit être épanoui dans ce qu’il fait. Pour cela, il faut lui créer toutes les conditions nécessaires pour son épanouissement. Son implication et son investissement dans les encadrements pédagogique et de recherche doivent être pleinement reconnus et encouragés

4) Les libertés académiques

La question de la multiplication d’institutions, universités et écoles supérieures privées, sans un contrôle strict des formations qu’elles dispensent a été abordée. Il est évident que les institutions d’enseignement supérieur privé de qualité ont leur place dans le paysage éducatif tunisien. Toutefois, ces institutions doivent obéir aux mêmes règles et contraintes que celles de l’enseignement public. Le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, doit notamment mettre en place des règles claires afin de mieux encadrer les interventions, en heures complémentaires ou en vacations, faites dans les établissements privés, par des collègues statutairement rattachés à des établissements publics de l’enseignement supérieur. On doit également respecter la règle de l’égalité des chances pour tout citoyen tunisien, quel que soit son milieu social, pour l’accès au savoir.